Dans cette mini-série sur l'hypnose, nous allons aborder aujourd'hui le sujet de l'utilisation de l'hypnose pour mincir et garder son poids de forme, complété par une explication enrichie d'exemples pour mieux comprendre comment cela fonctionne.
Petit rappel sur la partie 1 : les principes de l'hypnose
Dans la partie 1, nous avons abordé les principes de l'hypnose; ce qu'est un état de conscience modifié, comment y aller et ce que peuvent être les sensations ressenties sous hypnose.
Très important : L'hypnose n'a pas pour mission de soigner des maladies, mais d'interagir sur la relation à notre corps, à nos émotions et à nos processus.
Partie 4 : Maigrir et garder son poids de forme avec l'hypnose
Perdre du poids : un parcours du combattant !
Vous reconnaissez-vous si je vous dis :
régimes à répétition
effet yoyo
grignotages
envies irrésistibles
frustrations
démotivation
manque de volonté
culpabilité ?
Vous allez comprendre facilement, après avoir lu cet article, que le rapport à la nourriture est très complexe et qu'il n'est donc pas du tout si évident de mincir. Comme les peurs ou les phobies, on ne les fait pas disparaitre par le simple fait de la volonté. Il faut déculpabiliser et savoir que NOUS NE SOMMES PAS COUPABLE DE CE QU'IL NOUS ARRIVE !
Au contraire d’une addiction comme la cigarette où il est plus simple d’arrêter complètement, la nourriture fait partie de notre vie quotidienne et est très importante. Toute la complexité est là, le but n’est pas d’être dégouté des aliments, mais de réguler les excès.
La perte de poids et la gestion des problèmes alimentaires sont parmi les principales applications de l’hypnose thérapeutique.
Chaque personne possède ses propres ressources pour perdre du poids et/ou garder son poids de forme mais pour diverses raisons, c'est souvent le mental qui fait obstruction.
Comme lors de chaque traitement, la première consultation sera consacrée à un échange verbal ayant pour but de mettre en évidence les comportements de la personne face à la nourriture.
L'objectif est de déterminer la fonction que remplit la nourriture dans le quotidien de cette personne, comment ses comportements se sont mis en place, quelle éventuelle protection cela représente pour elle et quelles sont les croyances associées.
Chacun a des croyances ou des convictions très diverses, comme par exemple :
l'importance de finir son assiette par respect pour les enfants qui meurent de faim dans le monde
la vie est plus attrayante avec des grands repas
les légumes sont tristes
il faut manger beaucoup pour avoir plus de plaisir, pour être un bon vivant ou ne pas être un rabat joie
montrer qu’on a la santé.
Nous savons tous ce que nous devons faire pour mincir, cependant nous peinons à respecter la marche à suivre, car, d'une part elle se heurte à certaines de nos croyances (mentionnées ci-dessus par exemple) et d'autre part elle fait toujours appel à notre VOLONTE. Ce serait effectivement si simple, si nous pouvions modifier nos comportements inconscients par la force de notre volonté.
De plus, nous sommes souvent tiraillés entre ce que nous pensons être bon pour nous, pour notre santé, pour notre image et bon pour nos plaisirs immédiats, notre besoin de réconfort et/ou de récompense.
Mais comment trouver le bon équilibre ?
Notre cerveau se divise en deux hémisphères :
L’hémisphère droit est plutôt intuitif et émotionnel et est associé à la partie abstraite de notre comportement : le rêve, l’intuition, l’imagination, la créativité et les émotions.
L’hémisphère gauche est associé à la partie rationnelle de notre comportement : la logique, la raison, l’analyse.
Ces deux hémisphères communiquent en permanence pour accomplir des tâches complexes, pourtant il nous est souvent très difficile de maîtriser les actes que notre cerveau nous ordonne d'effectuer.
Notre cerveau droit se souvient absolument de tout, et a donc à sa disposition tous les éléments pour associer des liens et mettre en place des comportements que le cerveau gauche a parfois de la peine à analyser, car lui oublie certains évènements.
Ainsi, certains mécanismes échappent à notre conscience et pourtant, ce sont eux qui nous dirigent.
Par exemple, une personne que j’ai accompagnée, avait une envie irrésistible et quotidienne de chocolat. Consciemment elle disait qu’elle en avait envie juste parce que c’était bon. Durant la séance d’hypnose, un souvenir marquant lui est revenu de son enfance, lorsque ses parents lui ont annoncé qu’ils allaient se séparer et par là même déménager dans un autre pays ; elle était très désemparée. Personne ne se préoccupait d'elle, elle s'est donc rendue à la cuisine et a mangé tout le chocolat. A partir du moment où elle a pu avoir accès à ce lien et le désassocier, elle n’a plus eu cette envie irrépressible de manger du chocolat.
Dans le cas ci-dessus, nous avons dissocié les deux éléments chocolat et désarroi, pour que le chocolat redevienne juste ce qu’il est et ne soit plus lié à la croyance qu’il peut apaiser une situation problématique.
Par ailleurs, nous pensons parfois être dans une addiction alimentaire, car nous ressentons des pulsions incontrôlables à des moments précis de la journée. Nous n’arrivons pas lutter contre ces envies qui s’imposent soudainement avec force et qui ne quitteront nos pensées que lorsque nous les aurons assouvies.
Là encore, c’est une astuce de notre organisme si intelligent, à qui une solution miraculeuse a été proposée dans un moment donné pour atténuer ou amplifier une émotion, qu'il va ensuite réutiliser de plus en plus régulièrement pour finalement devenir un schéma cognitif.
Exemple : petite lorsque je me faisais un bobo ma maman m’amenait m’acheter un pain au chocolat pour détourner mon attention de la douleur. Dans ce cas-là le schéma cognitif est qu'avec un aliment je peux éviter de ressentir quelque chose. Ou lorsque je ramenais une bonne note à la maison j’avais droit à un bonbon, mon organisme l'associe à une récompense.
Comment perdre du poids ?
Pour perdre du poids, il faut apprendre à modifier ses habitudes alimentaires et l’hypnose peut vous aider à changer de comportement.
Il existe de nombreuses techniques en fonction des problèmes spécifiques de chacun. En voici quelques-unes :
Modifier le vocabulaire
Tout d’abord il est important de changer le vocabulaire que nous allons utiliser, afin de penser en termes positifs. Remplacer « perdre du poids », car personne n’aime perdre quelque chose et le corps encore moins ; la graisse est pour lui une richesse dont le stockage lui coûte de l'énergie. Le fait de perdre angoisse l’inconscient, qui va alors pousser à manger plus pour compenser la perte.
Chercher plutôt ce que nous pouvons gagner : de la légèreté, de la beauté, de la minceur, de la liberté etc… Ce doit être une libération et non une contrainte. On est dans l’autorisation et non dans la restriction.
Modifier le comportement et la relation que la personne a avec son alimentation
Découvrir les intentions positives qui se cachent derrière le comportement de manger sans avoir faim, afin que d’autres comportements plus adéquats, qui remplissent les mêmes besoins, puissent émerger et de ce fait aucun autre déséquilibre ne se mettra en place.
Par exemple, si une personne considère que les sucreries sont une forme de récompense, elle ne pourra s’en passer que si ce changement n'est pas perçu comme une punition. Sinon elle risque de compenser sa frustration d'une autre manière.
Modifier le rapport à son corps
Apprendre à aimer son corps, afin d’en prendre soin et d'éviter de le punir. Car on ne peut changer de comportement que si on se réconcilie d’abord avec soi-même.
Dans le cas contraire, ce serait comme si on demandait à un enfant turbulent de commencer par changer de comportement pour qu’on puisse ensuite se mettre à l’aimer. Il y a bien des chances pour que cela ne fonctionne pas. En revanche, si je montre à cet enfant que je l’aime profondément, tout en lui faisant part de mon désaccord quant à son comportement, il y a de fortes chances pour qu'il puisse évoluer et se calmer.
Apprendre à se faire plaisir en se faisant du bien, sans frustration
Accéder aux automatismes, aussi appelés conditionnements pour suggérer que les aliments trop gras ou trop sucrés ne sont pas les seuls à faire du bien.
La satiété
Avec l'hypnose, on est dans l’autorisation et non dans la restriction, ce qui permet aux nouveaux comportements d'être durables et que cela fonctionne. Lorsqu'on est conscient du plaisir de manger, on prend aussi conscience de l'instant où le plaisir diminue ou s'arrête lorsqu'on est rassasié. Cela s’appelle la satiété ! Il est alors facile de s’arrêter de manger.
Petite expérience :
Prenez un aliment que vous aimez et qui vous fait saliver rien que d’y penser. Puis mangez-le en pleine conscience ; commencez par les yeux, regardez cet aliment, respirez-le, puis prenez le temps de le savourer, de le mâcher, de profiter de son goût, sa texture en vous focalisant sur chaque sensation. Et pour finir avalez-le.
Puis regardez à nouveau le reste de votre aliment et demandez-vous si vous en avez encore envie. Si oui, alors recommencez ... Tout cela se passe lentement, dans une perception unique de l’aliment : plus rien n’existe autour !
Il y a bien des chances pour que vous ne dépassiez pas quelques bouchées.
Un programme appelé "anneau gastrique virtuel", permet le rétrécissement virtuel de l'estomac pour accéder plus facilement et rapidement à la sensation de satiété et de ce fait diminuer la quantité de nourriture ingérée.
L'estime de soi
L’estime de soi est également très importante pour pouvoir faire face aux nombreuses situations dans lesquelles on va devoir dire « non merci ».
La pression sociale, amicale, familiale existe :
Comment refuser la part de gâteau que m'offre ma soeur qui s'est donné du mal pour le confectionner ?
Comment exister sans trop me faire remarquer lorsque toute la tablée prend "entrée-plat-dessert" et que je suis le ou la seul(e) à ne vouloir manger qu'un seul plat ?
Comment me comporter avec mon ami qui ne prendra une entrée que si j'accepte de la partager avec lui, alors que je n'en ai pas envie ?
L'image de soi et le rapport à l'autre
Mais qui suis-je ?
Certaines personnes n’ont pas conscience d’où s’arrête leur corps, leur contour.
Est-ce que mes yeux me montrent la réalité ou est-ce que je vois avec mon imagination ?
Quelle va être mon identité avec un corps différent ?
Comment vais-je vivre les attitudes ou regards différents des autres ?
Parfois la personne qui mincit n’a plus besoin d’être la « bonne copine hyper drôle » … comment vais-je réagir lorsqu’on me dira que je suis vraiment moins marrante qu’avant ?
Et pour finir encore quelques pistes à explorer
S'il y a une association entre un aliment sain que l'on ne mange plus, car relié à un évènement douloureux, nous devons dissocier les deux éléments
le rapport à l'exercice et à l'effort physique
la stimulation du métabolisme, afin qu'il assimile mieux la nourriture
une projection dans le futur quand l'objectif sera atteint pour vivre mentalement mais aussi les sensations et ressentis des changements
L’hypnose permet d’envisager les choses différemment, de transformer les difficultés en plaisir et de trouver un équilibre entre bien-être, besoin, santé et plaisir.
Mais, et je le répète volontiers, le plus important est votre envie et votre motivation ! Sans elles rien ne se passe …
Le pouvoir de l'imagination est très puissant :
il est capable de nous faire ressentir des choses physiquement, par exemple avoir mal au ventre rien qu'à l'idée de devoir prendre la parole en public
il est même capable de créer des changements physiologiques, comme l'accélération des battements du coeur ou la transpiration ou le besoin d'aller aux toilettes, quand nous imaginons quelque chose qui nous fait très peur.
!!! Nous comprenons alors que ce que nous vivons, nous le créons avec notre formidable imagination !!!
En conclusion : parfois nous avons déjà compris consciemment quels sont les mécanismes qui nous régissent, cependant lorsque nous sommes connectés à notre imagination et à nos émotions, c'est-à-dire en état hypnotique, tout le travail décrit ci-dessus se fait également à un niveau inconscient, si bien que des liens peuvent émerger, de nouveaux comportements, de nouvelles habitudes peuvent se mettre en place naturellement, sans qu'il y ait besoin de volonté, ni même de compréhension consciente.
Prochain épisode : Mini-série sur l'hypnose - Partie 5 - Traiter une phobie
Martine Rodriguez-Vial, hypnothérapeute agréée ASCA
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